Ils sont à l’honneur dans Corse-Matin!
« Art essentiel »
Si les sports en salle n’ont pour l’instant pas encore le droit de reprendre, Frédéric Durand, maitre judoka, a obtenu une dérogation exceptionnelle de la part de la mairie de Borgo, pour que ses élèves atteints de handicap, puissent continuer à s’exercer.
Quoi de mieux que le judo pour développer le corps et l’esprit ? Sport de combat et de discipline par excellence, cet art martial japonais, possède son lot de vertus.
Frédéric Durand, ceinture noire et seul septième Dan de Corse, le sait mieux que quiconque. Cet ancien psychomotricien, désormais à la retraite, initie des jeunes en situation de handicap à la pratique du judo, en collaboration avec l’Association l’Eveil de Bastia, et l’IME. Un travail de longue haleine, qui requiert patience et abnégation.
« C’est tout un processus à mettre en œuvre, explique-t-il. On ne peut pas avoir le même niveau d’exigence, pour autant, il ne faut pas qu’ils se sentent mis à l’écart. Les progrès sont plus lents, mais sont palpables. Il est important de ne pas stresser, brusquer, ou fatiguer ces personnes. Il faut se montrer patient, mais ils sont capables de réaliser de grandes choses. »
Depuis des années, Frederic Durand s’occupe de ces personnes en situation de handicap. Il a même obtenu une dérogation exceptionnelle de la part de la mairie de Borgo pour continuer à effectuer ses cours dans le complexe Paul Natali. « Cela fait du bien de pourvoir reprendre, après une année délicate, entrecoupée de nombreuses pauses, évoque Frédéric. Pour eux, c’est très important, car les cours font partie désormais de leur vie. Ainsi, ils peuvent s’évader de leur quotidien pendant quelques heures. »
Des progrès impressionnants
Et les progrès effectués par ses élèves sont assez impressionnants. Pour preuve, l’une des judokas de Fréderic Durand, Clara, atteinte de trisomie 21, a obtenu sa ceinture noire a 28 ans. « Elle est l’élève la plus assidue et l’une des plus douées que j’ai entrainée, souligne l’entraineur. Elle pratique notre art martial depuis qu’elle est toute petite, elle est impressionnante. »
Certains ont tellement pris gout au judo, qu’ils pratiquent deux séances d’entrainement par semaine.
C’est le cas de Julien, ceinture orange (bientôt verte) qui participe également aux séances du vendredi. « Je pense qu’il sera un jour ceinture noire, espère le maitre judoka. C’est un bosseur, un passionné. Je me souviens de son premier cours. Aujourd’hui ce n’est plus le même garçon, il s’est aminci, il a gagné en motricité et il donne même des conseils aux débutants.
« J’apprends d’eux, autant qu’ils apprennent de moi. Il ne faut pas avoir peur d’aborder les personnes en situation de handicap »
Si Frederic Durand se montre exigeant envers ses élèves, el septième Dan, sait aussi s’adapter aux comportements de ses protégés.
La clé d’un enseignement réussi, c’est aussi se mettre à la place des autres. « Il y a toute une dimension affective qui se crée autour de notre groupe. Au départ, certains ne parlaient pas, d’autres, étaient incapables d’effectuer un geste simple comme une roulade. Mais petit à petit, le corps, comme leur esprit, s’est développé.
La pratique du judo leur sert dans leur vie quotidienne. Ils apprennent à mettre un kimono, doivent retenir le nom des prises en japonais etc. Le fait de les faire s’entrainer avec les judokas qui ne sont pas atteints de handicap, les aide à briser la glace. C’est un apport au travail qui est déjà accompli dans la structure de l’Eveil de Bastia.
Tous les mercredis, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Frederic sera toujours là pour ses judokas.
La recette de la réussite de ses enseignements ? Elle tient en trois mots : Shin Gi Tai.
L’esprit, la technique et le corps en japonais. « C’est le fondement même du judo, je tiens beaucoup à ce tryptique, insiste le septième Dan. J’apprends d’eux, autant qu’ils apprennent de moi. Il ne faut pas avoir peur d’aborder les personnes en situation de handicap. On peut les aider à progresser dans leurs vies, et surtout, il ne faut pas se mettre des barrières en se disant que de toute façon, ils n’y arriveront pas. »
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